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Aristide Boucicaut monte à Paris à l'age de 19 ans, de sa Normandie natale. Son père était chapelier.Il s'est lui-même formé ,7 années durant, sur les marchés et foires, spécialisé dans la vente de tissus. Cette expérience l'enrichit et tout naturellement, il acquiert d'excellentes techniques de ventes. Favorisé par son génie du commerce, il va poser définitivement toutes les bases du Marketing.
Il est employé dans une boutique de la capitale, dans la rue du bac.
Dans cette même rue, Marguerite travaille dans la boucherie où Aristide vient manger chaque jour. Elle vient d'un petit village de Saône et Loire, née de père inconnu. Elle suit son oncle sur Paris, dès l'âge de 13 ans alors que sa mère vient de mourir.
Chaumière de Marguerite Guérin....
La pauvre enfant ne sait pas lire ni écrire, mais elle va s'atteler à cette tâche avec opiniâtreté. Elle travaille durement.
Ces deux-là se sentent immédiatement attirés. Ils s'aiment vite comme s'ils reconnaissaient dans l'autre cette soif d'indépendance, cette énergie à travailler, avancer, à fabriquer de la nouveauté. Contre la volonté de la famille Boucicaut, pour cause de mésalliance, le couple décide de vivre ensemble. Ils auront un fils qui mourra bien trop tôt!
Ils économisent une somme considérable à force de travail et s'associent aux frères Videau en 1948, à la tête d'un magasin situé Rive Gauche, au coin de la rue de Sèvres et de la rue du Bac.
Ce magasin vend draps, tissus, mercerie, parapluies...et emploie 12 personnes. Mais les frères Videau sont vite effrayés par les idées grandioses et fantasques de leur collaborateur. Ils lui vendent donc leurs parts en 1952, et le couple Boucicot se lâche dans l'univers de la vente. J'imagine qu'ils ont dû se mordre les doigts de cette décision frileuse..!
Il trouve un investisseur français qui a fait fortune à New York , Maillard. En fait, il s'agit d'un compatriote normand que Boucicaut connait. Il lui présente ses projets tenus secrets tellement novateurs que personne ne l'aurait suivi...mais Maillard a vu le bouleversement des techniques commerciales New Yorkaise, et il croit que le moment est venu de les appliquer en France! Sans le savoir, ensemble, ils vont créer le concept de La Parisienne si envié dans le monde entier.
A l'époque, les boutiques étaient spécialisées dans un domaine précis. Les prix n'étaient pas indiqués et il était coutume de marchander chaque achat, si bien que le client n'était jamais sûr du bon prix. De cette période de flou est né l'expression "à la tête du client"! Car il s'agissait bien de cela! Il va favoriser la vente à petits bénéfices pour une vente de masse.
Aristide Boucicot décide d'agrandir "le bon marché", de réunir tous les achats sous son toit , de placer le client au centre des priorités, d'afficher des prix fixes. L'idée lui serait venue en flanant à l'exposition universelle: il constate que les gens, tous des potentiels acheteurs, aiment flâner au milieu des marchandises en ayant le choix et la liberté d'approche. Ce sera son credo.
Chaque boutique deviendra un rayon! Les achats seront ainsi facilités! Et les prix seront bas, fait inhabituel...
Mais surtout, Boucicaut mise sur l'impact du grand magasin sur les femmes. A cette époque, les bourgeoises ou femmes du monde, n'avaient pas le loisir de sortir seule, sans chaperon, si ce n'était pour aller à l'église ou aux œuvres de bienfaisances. Dans cet antre de la consommation, avec la mise en place des modes saisonnières, les femmes se posent, se rencontrent, se divertissent et apprennent l'aliénation de la consommation de la beauté.
On est en pleine révolution industrielle, l'économie est bien portante, les clients sont au rendez-vous! Les clientes, plutôt! L'ascension du Bon Marché est fulgurante.( l'expression "la bosse du commerce" car Aristide en aurait été affublé?)
Et savez-vous que les Boucicaut remboursèrent leur prêt en 8 années! Une période courte au regard de la somme.
Mais, Boucicaut a su utiliser les bonnes idées de ses collaborateurs. Ainsi, il a observé les méthodes originales de vente de son ancien employeur,Simon Mannoury. Il parait que celui-ci divertissait les enfants de ses clientes en leur proposant une petite promenade à dos d'âne!!! Or quand il a voulu appâter les mères de famille dans son magasin, il a ciblé les enfants.
Les Chromos
Tous les jeudis (équivalents de nos mercredis), il faisait distribuer gratuitement à tous les enfants présents dans le magasin, une chromolithographie instructive(image ancienne), ou figurant des histoires qui se suivaient. Les enfants étaient complètement accrocs!! Quel diable d'homme!
Il a quand même créé un catalogue VPC (vente par correspondance) , en 1856.
Plus de 6 millions de catalogues inondent le Monde!
Il a dû s'équiper en transport pour assumer ses ventes. On imagine bien l'ampleur de cette entreprise.
La semaine du blanc,...l'idée lui serait venu en observant la rue à travers les vitres du Bon Marché, alors que l'activité commerciale du mois de Janvier était au plus bas: dehors, la neige tombait, et l'atmosphère ouatée engourdissait la ville. Tout était blanc! Qu'à cela ne tienne, ce sera la semaine du blanc, car il a sorti des armoires tout le linge blanc relégué et l'a placé en avant!
il rationalise le travail des employés, met en place des statistique de vente, des règles strictes internes et une caisse de retraites!!!Il utilise la presse, en dictant des articles élogieux, il crée des évènements mondains avec concert et soirées.
Il décide de changer son Temple de la consommation, et de le sertir d'un écrin à la hauteur de ses ambitions.Il va notamment coiffer le batiment d'une rotonde, et d'une salle de concert pouvant accueillir 1000 personnes.
Il fait appel à un jeune ingénieur, Gustave Eiffel, (il va s'occuper de la structure métallique)et un architecte Boileau leur permettant d'utiliser le fer pour armature et le verre pour l'ouverture et la lumière.
Début des travaux en 1869. Fin des travaux en 1887.
Mais Aristide Boucicot meurt en 1877!
Il laisse à sa veuve une entreprise de 1788 employés!!! et un chiffre d'affaire...monstrueux! Celle-ci continue heureusement et en 1910, elle est même à l'origine de la création du Lutétia(seul palace de la rive Gauche) pour loger ses clients.
Marguerite Boucicaut
Le couple est à l'initiative de très nombreuses oeuvre de charités et philanthropiques:
Marguerite a su gérer l'entreprise en continuant ses oeuvres caritatives, notamment un legs important à un vieux monsieur, s'appelant Pasteur, pour créer un institut de recherche....!
Marguerite s'est intéressée aussi à son village, Verjux, en faisant construire un pont qui le reliait définitivement à la ville voisine sans avoir à utiliser le bac. Sans parler de l'école...et d'une salle d'asile!
En 1880, Marguerite crée une Société Civile afin que le Bon Marché puissent rester aux mains des employés du Bon Marché.
Elle a eu des funérailles grandioses voulues par les employés du Bon Marché.
Le 12 Décembre 1887.
Actuellement,Le Bon Marché est Le Rendez-vous chic de Paris et pas bon marché du tout!!On y trouve les nouvelles collections des grands créateurs, les nouveaux designers, la boutique Mariage connue dans le monde entier et La Grande Epicerie avec toutes les tendances culinaires!
Bref, il faut aller ,au moins, flâner au Bon Marché.