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Cette année, le livre sur la place sera survolé. Fatiguée par un épisode infectieux qui me laisse mollassonne, je m'y suis rendue ce vendredi 14 Septembre, avec malgré tout ce petit frisson de bonheur....
Commençons par le début....Près du chapiteau France-bleu Lorraine, se déroule cette année un tapis .....de copeaux! Un peu déçue et surprise par ce choix "terre à terre", quelconque, et banal, je m'arrête un instant pour contempler l'effet visuel de cette couverture...les temps sont durs pour briser les rêves et l'originalité créative.....les jardins maintenant....
Une profusion de fleurs des champs, des massifs touffus et généreux, ressérés presque confidentiels.
Le rêve reprend dans cette verdure....un étang fait de bris de miroir qui étincelle discrètement entre l'abondance des hautes fleurs...Je me sens réconfortée par cette note de subtilité !
A ma droite, je laisse le Barnum qui abritera les forums et discussions littéraires.
Je passe sous le chapiteau et me glisse dans le brouhaha confus et détendu du Livre sur la place. Moment toujours attendu car je sais qu'il me révèlera au moins une surprise, sans que j'aille la chercher, elle sera là, à portée de voix.
Je m'arrête un instant, un peu comme un propriétaire satisfait qui s' enorgueillit de son domaine. Un sourire en coin, jubilatoire.
Bon, par où commencer? Procédons par ordre avec légèreté...
Je me lance, et je constate que peu d'auteurs sont positionnés derrière les pancartes...un peu comme au supermarché, ça me chagrine toujours un peu, cette exposition.
Elise Fisher, elle, est toujours là! Debout, à discuter, à sourire, à répondre à ces élèves consciencieux avec leurs questionnaires obtus, le stylo à la bouche, la phrase imprécise et timide. Elise Fisher, journaliste , écrivaine régionale. Elle écume, de façon romanesque tous les sujets chers à la Lorraine, à savoir les mines, la bière, l'industrie, le verre...
En consultant les nouveautés de la rentrée littéraire, on peut constater que ce livre sur la place peine à réunir des "têtes d'affiches"...on pourrait dire un salon en demi-teinte...J'ai repéré la place, vide bien sûr(!), de Chloé Schmitt,( "les affreux") avec ses ,tout juste, 20 ans! et de Véronique Olmi. ("Nous étions fait pour être heureux")
Toujours vide, Olivier Adam...l'auteur d'une histoire qui m'a bouleversée "Je vais bien , ne t'en fais pas". Là, il présente "les lisières"
Le film m'amène inévitablement aux larmes, je l'évite, il me laisse chiffon!
Mes pas suivent involontairement ceux d'un groupe de jeunes filles dont le point central est une chevelure, ou plutôt, une belle crinière bleue. Longues, vêtues de noir, dans un style soigné gothique, toutes jeunes filles, un brin dolentes, elles s'affairent très sérieusement autour des auteurs présents.. elles se sont attribuées des tâches et elles offrent un ballet élégant et original, dans leur quête...
Nous arrivons ensemble sur le stand d'une femme imposante par sa stature et sa présence enveloppante...elle est bien là, et entend communiquer.
Les "petites" l'entourent et prennent en main le questionnaire...mais la personnalité de Charlotte Golberg est telle que c'est elle qui va mener la danse..et le ballet s'estompe et se fige.
Nous l'écoutons toutes. Son sourire devient presque grimace quand elle nous raconte ses écrits. Du vécu. Et avec son nom, j'aurai dû comprendre tout de suite...je me laisse embarquer dans cette histoire , celle d'une petite juive de 6 ans qui voit partir ses 2 soeurs, et sa mère . Elle ne les verra plus...A l'âge adulte, une personne l'a contactée pour lui raconter les derniers instants de ses soeurs et de sa mère. Et un autre livre est né.
Elle a des larmes pleins les yeux, et je sens les miens se voiler....non, non! Je me reprends...
Elle nous présente ses recherches, poussée par son époux à l'époque.
Mais celui-ci est décédé, il y a 4 ans...comme mon père...et elle est comme ma mère, pleine du vide de son absence...
Je lui achète son livre sur la petite fille de 6 ans....je ne le dirai pas à mon mari qui ne comprend pas cette attirance pour le génocide juif....mais mon cousin (qui fait de la systémie familiale) m'a expliqué qu'étant d'origine arménienne, je ressens une espèce de compassion et d'empathie logiques! nos deux peuples ont vécu le génocide...
Un gentil sourire qui cache bien des larmes!
Elle écrit à l'encre mauve...pourquoi? Parce que c'était la seule couleur disponible pendant la guerre....
Voilà, j'ai fait ma rencontre! le reste sera du bonus!