• Nancy, je te vis...ou mon chemin...

    Je vous propose ce concerto dans un mode mineur pour appuyer sa mélancolie et celle de cet épisode de vie qui suit....

     

    Je

  • Première image de Nancy: sa Gare, sa place, la neige, le froid glacial, le garage de location de voiture et l'hôtel Ibis.

    Il programme le GPS de la voiture: Lunéville, quai des petits bosquets.

    "On doit manger avec le directeur de la coopérative laitière  et son épouse. Demain, il me fera visiter l'entreprise"...

    Elle grimace. Elle pense que c'est la meilleure tactique pour appâter son Minou sans travail.Un repas avec les épouses, un moment d'intimité pour se jauger!

    Dans un premier temps, le côté confidentiel, chaleureux et humain, puis, le lendemain visite de l'entreprise! Le côté professionnel avec un rythme effréné, dans le style" vous voyez ici, on ne plaisante pas!", afin de l'amener à prendre une décision rapide, de lui faire toucher du doigt l'Urgence!

    Ils parcourent le trajet dans un silence désolé: les autoroutes s'enchevêtrent et fendent un paysage plat, nu, froid. Il n'y a pas d'horizon, le gris rempli tout l'espace.

     

    Le GPS les conduit d'une voix laconique, vers le rendez-vous. Une petite ville: Lunéville. Le nom de cette ville est entachée de fermeture d'entreprise, une zone sinistrée...mais n'est-ce pas toute la Lorraine qui est sinistrée, amputée de sa sidérurgie, de ses mines, sinistrée d'hommes déchus de leur métier et de tout le reste!

     

    Décidément, ses pensées aussi, sont sinistrées!

    -Force-toi à sourire, pense t'elle, bouge-toi , ne rumine pas! Mouais....

    Le restaurant est kitch à souhait, confortable. On s'y sentirait presque bien.

    Mais, elle ne se pose pas sur la banquette, elle choisit la chaise et ne pose que la moitié de son postérieur: une position inconfortable est le meilleur moyen de rester vigilante et de ne pas se laisser endormir.

    Les présentations se font, l'épouse est charmante et même avenante.

    Elle s'efforce d'être présente.

    "..Et puis, vous pourrez inscrire vos enfants au collège et au lycée ici, à Lunéville..."

    Elle essaie d'avoir l'air intéressée, car elle sait que ses yeux parlent trop souvent pour elle et la trahissent, mais en elle, il y a des turbulences.

    "Non, je ne vais pas inscrire mes enfants au lycée de Luneville! Mais non!Mais elle divague, cette femme. Jamais on viendra ici! Encore les changer d'horizons, je ne peux pas! Je vis un cauchemar!Mais qu'est-ce que je fais là!"

    Et elle repart vers les terres d'Aveyron où leur vie était toute tracée. Ces terres sauvages, les plus beaux paysages de sa vie, fiers, rudes, majestueux et si calmes...Et si loin d'ici...Au Sud! Surtout ne pas se laisser envahir par la vague de mélancolie qui risque de mouiller ses yeux d'un instant à l'autre.

     

    Elle se racle la gorge et fait un sourire courageux! Un pauvre sourire qui fera bien illusion. 

    -Hum, excusez-moi, je reviens!

     Respirer, se calmer, respirer encore.

    De retour dans la salle, elle se détend un peu, et fige son visage avec un sourire avenant qui lui donne la distance suffisante pour apprécier la situation.

    Lui, il accroche bien. Elle le voit, volubile, la tête penchée vers ses interlocuteurs. De temps à autre, elle surprend son regard rapide . Il sent les réticences muettes de sa moitié et son sentiment de culpabilité jette un voile oppressant sur son esprit.

    A la fin de la soirée, ils parlent du bon repas, et de l'accueil chaleureux du couple. Ils regagnent l'hôtel avec toutes ces banalités sans aborder l'essentiel. Ils s'endorment muets. Elle se réfugie dans le sommeil , s'échappe de l'endroit où rien n'est familier. Comme l'inconnu est épuisant!

    Le lendemain, elle se réveille quand il lui dépose un baiser tendre sur le front.

    "Je pars, j'ai rendez-vous dans 5 minutes en bas de l'hôtel. Je ne serai pas de retour avant 15h. Tu te débrouilleras dans Nancy? Profite pour visiter un peu.. Rendez-vous à la gare!"

    La journée est glaciale mais le ciel est d'un bleu profond. Nancy se met sur ses plus beaux atours pour la séduire. La ville est belle. C'est indéniable. Le centre-ville strié d'avenues géométriques est animé, très commercial. Une belle population la sillonne. Nancy exerce un apaisement. Elle a tous les attraits d'une ville jeune, dynamique avec l'emprunte passionnante de l'Histoire. C'est une ville à découvrir. Malgré elle, elle se sent séduite.

    Mais elle arpente seule les rues grouillantes de vie et elle se sent déplacée. Le temps s'allonge. Elle voudrait rentrer, s'enfermer, ne plus avoir de décision à prendre, ne plus partir, ne plus avoir froid... Elle retourne sans difficulté à la gare et s'installe dans un café pour lire, s'évader. Elle regarde son livre, pleine de reconnaissance à son égard. Au moins, avec les livres, elle avait la certitude d'une échappatoire. Elle plonge dans les mots, reléguant la réalité de ce moment et l'inconnu. 

    Il revient . Elle lève la tête et lui sourit. Un sourire intact.

    Quand il se penche sur elle pour l'embrasser, elle s'accroche à lui.

    Et Elle se lance dans un réquisitoire chagrin, tout ce qu'elle a dans son ventre!

    "Je ne veux pas m'installer ici.On est dans l'Est ici. Tu as regardé la carte? C'est tout en haut! Et puis, l'Est, c'est... c'est la Sibérie, Minouuu!

    Moi,je suis du sud, je suis du Soleil, ou juste à côté!

    J'veux pas être si loin! Loin de mon fils, loin de mes parents, nos amis, loin de tout ce que je suis....

    Et puis tu les as entendus parler! Je ne comprends rien , c'est du lourd ici!! Ca doit être l'influence allemande! Ca heurte mes oreilles. Alors que chez Nous,...! Hein?

    Et puis touche mes mains! Je vais avoir du froid plein le corps et je serai tellement frigorifiée que mon esprit, ...même mon coeur sera gelé...."

     

    Le Minou  enserre les mains tendues, et c'est vrai qu'elle sont glacées.

    "Mais, ma chérie, on est déjà loin de notre fils, loin de ceux qu'on aime..;"

    "Oui, mais il va falloir tout  recommencer? Encore? Et puis, tu sais bien comme on a été leurré par Les Autres..."

    "J'ai plus envie!"

    Du coup, Minou ne sait plus.

    Si elle ne veut pas, je ne peux pas. On doit avancer ensemble! Mais que vais-je devenir? Où irons-nous? Je vais attendre, on ne sait jamais. Je vais peut-être recevoir une autre proposition d'embauche.

    Ils repartent vers cet ailleurs qui n'est même pas leur chez eux.Ils sont arrivés dans l'Ouest pour une promesse d'emploi. Et il se retrouve pour la seconde fois à pointer au chômage. 

    Alors, ils ne parlent plus de l'Est.

    Ils arpentent côte à  côte les plages du débarquement , se grisant d'iode, des vastes étendues, marchant respectueusement sur le sable tâché du sang innocent des soldats,des enfants qui avaient l'âge de son fils, de cette chaire à canon sacrifiée.

    Ils vont manger les coquilles Saint-Jacques fraîchement pêchées à Port en Bessin, sur les coups de 15 heures, au retour des bateaux. Ils restent près du feu. Ils sont deux pour les enfants. C'est Minou qui les amène au collège et va les chercher. Pendant qu'elle prépare des crèpes pour le goûter. Quelque fois, ils y vont ensemble. C'est comme des vacances ou une douce convalescence avant d'affronter cet inconnu qui reste à venir.

    Toujours ensemble. C'est la première fois de leur vie de couple qu'ils passent autant de temps à deux.

    Ils vont faire des courses.

    Alors qu'elle flâne dans les rayons, à la recherche d'une idée de menu pour la petite troupe, Minou dépose dans le caddie, trois paquets de saucisses et boudins. Elle stoppe le caddie et le dévisage:

    "Mais, tu aimes ça toi?"demande-t-elle surprise, avec une grimace qui fait comprendre qu'elle n'aime pas du tout. Elle sait déjà qu'elle reposera ces achats dès qu'il aura le dos tourné. Elle est à peu près sûre qu'il n'aime pas ça, lui non plus!

    "Non, mais tu vois, c'était un type qui faisait une animation. J'ai eu pitié et je me suis dit que dans quelques temps, ce serait moi à sa place..."

    Et tous les deux, agrippés aux barreaux du caddie, consternés, ils regardent cet homme devenu l'objet d'une observation cruciale. Il range ses paquets de boudins noirs, boudins blancs, de petites saucisses de coktail, seul, sur un stand de pacotille, posé, incongru!

    Il se redresse, remonte son col de chemise, passe une main molle sur ses rares cheveux et lance un regard circulaire .

    Et elle, elle voit son Minou, là, à cette place. Pas à sa place!

    Et lui, il y est déjà.

    "...parce que tu vois bien, je n'ai toujours pas eu de propositions de poste... enfin, à part, euh...tu sais où!"

    L'homme observé, enjeu d'angoisse sans le savoir,croise leur regard et pris sur le fait, elle ne peut qu'esquisser un pauvre sourire et vite baisser la tête, semblant préoccupée par la liste qu'elle tient à la main. Minou, lui, esquisse le même pauvre sourire et soulève les paquets de saucisses d'un air entendu! Avec un clin d'oeil complice!

    Ils ont tous les deux la même certitude. Mais, Minou attend qu'elle donne la sentence qui ne saurait tarder. Ils sont tous les deux secoués.

    Ils tournent les talons promptement.

    "Minou, c'est décidé. On va dans l'Est, tant pis!" déclare t-elle sûre de sa décision.

    Mon Minou ne deviendra pas ...ça!

    On déménage!

     

     

     

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  • Nancy, je te vis...

    Annecy 1963.

    Dans Annecy-Le-Vieux, en cet été 1963, la chaleur accablante poussent les habitants à chercher la fraîcheur sur les berges du lac, à l'ombre des larges platanes.

    Les poussettes et les landaus à très larges roues, fleurissent sur les allées. Les enfants accompagnent leur parents sagement. Vétus des couleurs traditionnelles du moment, blanc, bleu, rose. Ils sautillent gentiment et dans ces petits rebonds, ils expriment leur exaltation qui se situe au niveau de la satisfaction bienheureuse. Pas de cris, de calvacades. Nous sommes en 1963, et l'enfant n'est pas encore une personne.

    Victoria a installé sa fille sur une vieille couverture dépliée sur le gazon en bordure du lac. Elle s'assoit auprès d'elle, fatiguée. Leur appartement se situe à trois kilomètres du lac, distance parcourue à pied sous un soleil qui plombe tous les efforts.

    Paul installe la poussette contre le tronc de l'arbre sous lequel ils ont trouvé refuge et dépose le panier de pique-nique sur un coin de la couverture. Il s'installe aux côtés des deux femmes de sa vie et un sourire satisfait d'homme comblé, vient fendre sa bouche ourlée d'une large moustache. Les deux jeunes parents soupirent d'aise, ravis de la tournure de cette journée.

    Assise bien droite, l'enfant de 3 ans observe son environnement avec beaucoup de sérieux.Des joues bien rebondies qui donnent  envie de les pincer, des grands yeux  expressifs encadrés de longs cheveux noirs. Sa robe attire le regard des passants, invariablement, et ce  au grand plaisir de Victoria. Sa petite robe est jaune, une preuve d'originalité qui laisse perplexe. Une couleur surprenante!

    C'est ravissant mais tout de même, c'est excentrique, mais...c'est intéressant!

    L'enfant est sage, sérieuse, ,mais pas si facile, dirait sa mère car elle est très boudeuse et elle se renfrogne pour un rien.

    Les cygnes et les canards retiennent un moment son attention. Elle sait qu'après la collation, elle aura le droit de les approcher et de les apâter avec des croutons de pain rassis que sa maman a conservé, tout au fond du panier.

     

    Puis son regard traîne sur les passants qui déambulent.

    Elle a de la chance, elle, elle est assise confortablement sur l'herbe grasse, moelleuse, à un endroit stratégique, puisqu'elle a une vue imprenable sur le lac mais aussi sur le pont!

    Et puis, bientôt, elle aura entre ses mains un délicieux pan bagnat qui va dégouliner de partout mais sa maman, prévoyante, l'aura arnachée avec une grande serviette, alors ça pourra dégouliner!

    Remplie d'aise et de fierté, son regard se teinte d'un air supérieur à l'attention des passants.

    Devant elle, le pont des Amours.

    Et oui, les amoureux ont un pont à eux!

    Son papa le lui répète à chacune de leur promenade comme si elle n'avait pas de mémoire! Et pour lui prouver qu'elle a bien enregistré l'information, elle le nomme en appuyant chaque syllabe:

    -ouiii, le pooon des zamouuure, fait-elle en avançant ses petites lèvres charnues.

    Et elle savoure déjà la récompense d'un tel effort, qui vient immanquablement... Un éclat de rire sonore, un grondement de tonnerre. Et le temps ,pour cette petite fille ,s'arrête sur cet homme si magnifique. Elle est dans un ravissement délicieux car elle sent le pouvoir de ses mots sur ce grand personnage qui devient un peu à sa merci. Elle veut bien apprendre tout ce qu'il veut si elle peut déclencher ça, à nouveau!

    Son regard est attiré par trois personnes sur le pont: un papa, une maman, et un petit garçon. Ils sont accoudés à la balustrade et  semblent s'imprégner de l'effet carte postale de l'endroit.

    Ils deviennent pour le coup, partie intégrante de la carte postale, avec les cygnes à la fois fiers et quémandeurs en dessous qui complètent le tableau.

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  •  

    Ils sont installés dans le salon, sur les fauteuils et canapés disposés en orbite autour de la cheminée et de la télévision. Leur regard passe des images au feu, de l'âtre à l'écran, sans se décider sur ce qui est le plus passionnant. Ambiance cotonneuse dans laquelle le temps s'étoile doucement...

    La journée se retire laissant l'obscurité peser sur toute la longueur de la longère à travers les très larges baies vitrées...

    Trop larges pense t'elle! Le jour, c'est le froid qui perce,  et la nuit, c'est le froid et la pénombre sombre, sournoise, inquiétante.

    Il n'y a rien dans ce noir mais elle imagine tout et pire encore..

    .Quel drole de pays que cette Normandie!!! Comment peut-on créer une maison, sans penser à dessiner les volets! Même les enfants y pensent dans leur premier gribouillage! Alors des adultes qui devraient être sain d'esprit?..; Pfff!

    Ca va? demande Minou alerté par le soupir énervé.

    -Vouii...

    -Maman, c'est la météo, mets plus fort! ordonne la cadette.

    -Ya, mein Général! répond'Elle en joignant un salut militaire.

    -On s'en fout d'la météo , dit son fils, de toute façon,qu'il pleuve, qu'il vente , qu'il neige,  ça nous empêchera pas d'aller en cours!

    Devant tant de fatalisme, elle met son esprit inventif en route afin d'opposer une lueur d'espoir dans ce discours qu'elle trouve déprimant:

    -On ne sait jamais...

    Elle prend une voix grave, la voix des histoires quand ils étaient petits, pour donner du mystère.

    -Imaginez qu'il se mette à neiger toute la nuit et que la température descende sous zéro, toute la Normandie est bloquée, incapable de réagir, tous les établissements scolaires sont obligés de fermer leur porte ..

    -Maman, mets la télé plus fort!

    Minou regarde sa femme coupée dans son élan.Elle semble malgré tout,  satisfaite de son histoire. Il hoche la tête magnanimement. Un sourire plein de douceur accroché au coin de sa bouche.

    Elle se rapproche de lui et lui chuchotte:

    -ça se pourrait, hein?

    Elle le toise, attendrie par son sourire;

    -Fais attention , je pourrai faire comme Wendy avec Peter Pan et prendre ton baiser. Celui qui au coin de ta bouche...

    -Viens, tu peux prendre un peu plus si tu veux!

    Et ils échangent un tendre baiser...

    -Maman! C'est où Nancy sur la carte?

    -Hou!!! C'est haut, ...très haut.

    Sa fille met le doigt sur la TV donnant la carte de France, au niveau de Dijon.

    -Pff.Non, plus haut!

    Le doigt passe sur Belfort.

    -Euh, non, encore plus haut!

    -Mais plus haut, c'est l'étranger!

    -Pas loin!

    -c'est pas faux.

    Son frêre pouffe de rire en faisant référence à Kamelot, et son père sourit à l'évocation de cette série.

    Mais conscient de ce qui se joue, là, il se lève. Il  pose un doigt à l'emplacement de Nancy.

    Et ils le regardent, tous les trois avec les mêmes grands yeux, médusés et des questions plein la tête!

    Elle resserre un peu plus le plaid contre elle, le remonte jusqu'à ses oreilles comme si la menace du froid sibérien l'avait soudain glacée. Sa peau mate prendra une couleur terne là-bas. Peut-on vraiment vivre dans ces régions? Ou du moins, peut-elle y vivre?

     

    Ce soir-là, la température baissa considérablement, plongeant la Normandie dans une espèce de torpeur ouatée.

    Elle se réveille doucement..elle tend l'oreille...à l'affut des sons habituels.

    Il faut dire que la route départementale posée perpendiculairement à sa maison répercute chaque passage de voiture comme une détonation. Elle est capable de connaître l'heure exacte de la journée par le flux du trafic. Sa chambre lumineuse a la chance de disposer de deux fenêtres sur cette route maudite. Si bien qu'elle a l'avantage d'être éclairée la nuit par les phares de voitures dans un va et vient de luminosité, accompagné par le vacarme des moteurs. C'est comme si elle dormait un peu avec tous ces gens qui passaient par là. Sa nuit ponctuée de lumière et de bruits éphémères.

    Mais ce matin...Pas un son ne perce à travers les fenêtres.

    Elle sourit..encore ensommeillée..

    -Tout ça n'était qu'un cauchemar..Je vais ouvrir les yeux et je serai dans l'Aveyron..dans ma terre..

    Elle soupire d'aise, prête à se rendormir.

    C'est ce moment que choisit son fils pour rentrer en trombe, et de sa voix de presqu'homme,

    -Maman, vient voir! C'est trop beau!

    Elle sort du lit en s'étirant délicatement. Son petit chien blanc en fait autant. La gymnastique du matin est essentielle pour mettre en train ses muscles et ses tendons..

    -Maman, t'arrives! Pff. Viens voir, c'est VRAIMENT trop beau!

    Si son fils se répète, il se passe quelque chose d'extraordinaire!

    Elle le rejoind près de la fenêtre.

    Et le silence ouaté prend toute sa dimension dans la blancheur grise du paysage.Tout est blanc. Une seule et unique couleur qui n'en est pas une! La neige a recouvert la route, le jardin, la voiture n'est plus qu'un tas blanc. La dépendance qui fait office de réserve à bois, serait presque jolie, la neige ayant masquée les fissures des murs.

    -Alors, je ne te l'avais pas prévu?

    Son fils ne répond pas et l'observe en silence. Il réfléchit à cette formidable coïncidence, mais, il doit admettre que ce n'est pas la première fois que ça arrive. Un jour, son père, sous couvert de confidence, à la suite d'une "coïncidence", lui a soufflé: "ta mère est un peu sorcière!"

    Sa soeur déboule dans la pièce en criant de joie.

    -Tu vois, elle te l'avait dit! Ho, merci maman!

    Et elle l'embrasse avec sa fougue débordante, son amour excessif, sa passion dévorante. Elle est Soleil à cet instant.

    -Je t'en prie ma chérie,répond elle sous l'effet bienheureux de l'excitation du moment.

    C'est un instant sourire...C'est ça le Bonheur?

    -Allez, tous en bas pour de bonnes crèpes!

     

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  • Ce soir, devant ses enfants, Nini dessert la table lentement. Ils trépignent d'impatience!

    -Le gâteau, le gâteau!

    Ils ont chacun une cuillère dans leur main droite et tapent la table  au  rythme des deux syllabes pour appuyer l'urgence de la séquence suivante. Elle remarque que sa fille s'est saisie de la cuillère de son père afin d'en avoir une dans chaque main.Elle était même en train de lorgner sur la sienne, mais elle devait se demander ce qu'elle en ferait, car elle avait une petite ride entre ses sourcils, signe de réflexion tracassée. Et à elle seule, elle fait bien sûr, plus de bruit que ses deux frères réunis!

    -On va changer les assiettes, mes "affreux"! Chéris.

    Le Minou s'est levé, prend les assiettes et les couverts sales pour les déposer dans la cuisine. Nini se rassoit, et pensive les regarde tour à tour, avec un immense sentiment de fierté maternelle qu'elle sait déraisonnable! Mais elle ne peut pas s'en empêcher!

    -Tu sais, mon Grand, il y 12 ans tout juste, les premiers jours de grand froid arrivaient. Il y avait beaucoup de vent. Le froid était sec mais glacial. J'étais toute contente de sentir les premières contractions. Surtout qu'elles arrivaient avec le week-end, et donc papa était là.

    -Ouiiii, on sait maman! A chaque anniv, tu nous racontes l'accouchement!

    -Le gâteau, la gâteau!!

    -Et les cadeaux! Les cadeaux! hurle la petite dernière toujours la première!

    Nini se replonge dans cette journée marquée dans sa mémoire de façon indélébile. Un souvenir au présent.

    La vieille, elle avait  passé la soirée à répondre au téléphone à toute la famille ,aux amis, que le bébé n'arrivait pas! En plus, le Minou l'avait appelée  toutes les heures .Il était en déplacement et était inquiet de la savoir seule, et lui, si loin. Ca la mettait hors d'elle quand elle l'entendait lui demander, rempli d'angoisse:

    -Alors?

    -Alors quoi?

    C'était vache, de sa part!

    -Rien, Nada, Niet, Que dalle. S'il te plait arrête de m'appeler! JE t'appelerai!

    Elle a raccroché et  mis le 33 tours (attention, on ne rigole pas! En 1985, on avait des disques!) de Michel Polnaref à fond pour s'étourdir, chanter avec lui et danser tout son sâoul. Elle tenait son ventre en tournant et sautillant, avec une lourde grâce!! Elle se sentait pleine d'appréhension, de craintes vis à vis de cette douleur d'accouchement dont les femmes ne parlent pas vraiment, ou avec ce sous entendu résigné, "tu verras bien!". Elle s'interrogeait sur l'apparence de son fils (elle savait que c'était un garçon et en était très fière!), se demandait si elle saurait s'en occuper dignement.

    Elle n'avait qu'une certitude: elle l'aimait déjà et elle l'aimerait trop.

    Il parait que trop, ce n'est même pas assez!

    Mais simultanément à cette crainte, entremélèe, il y avait cette excitation de l'Inconnu...Il serait forcément formidable! Il aurait toutes les qualités, il ne serait pas comme les autres, ce sera Son fils!...celui du Minou aussi, bien sûr!

    Elle s'arrête de danser et monte l'étage, alourdie, pensive...passe dans le couloir étroit, laisse la première porte, à droite, celle "du bureau-chambre de famille ou amis", puis pénètre dans la seconde pièce, en poussant délicatement la porte.

    Elle se plante, droite et fière, les bras croisés sur son gros ventre calme, et admire la chambre du "petit d'homme" à venir....Le lit à barreau est fait, tiré à 4 épingles, 2 peluches propres dans le coin. Elle l'a sécurisée avec un tour de lit matelassé, et décorée avec un mobile musical..Fisher Price!

    Contre le mur, la table à langer, et tous les flacons se tiennent droits, prêts à servir la peau douce du bébé. Elle a choisi la marque Mustela, car son odeur renferme toutes les fragances d'un bébé...

    La commode déjà investie par quelques vétements...et le sac du bébé! C'est une idée de sa soeur. Elle l'a lui a offert dès que le troisième mois de grossesse était passé. Un sac molletonné, blanc avec pleins de petits nuages cotonneux et des des agneaux qui jouaient à saute-mouton en prennant appui sur eux... c'était si inattendu, si joli! Mais en plus, le sac contenait le nécessaire pour les sept premiers jours d'une vie! Le plus beau cadeau!

    Le sac était prêt mais comme chaque jour, elle l'ouvre et fait l'inventaire...Une façon de s'approcher de lui...de le soigner déjà!

    Puis elle sort de la pièce, se retrouve à nouveau dans le couloir et rentre dans sa chambre. Son sac à elle est prêt aussi...des vétements , un livre,  et un cahier.On ne sait jamais si l'inspiration venait! Son carnet d'adresse et une petite trousse. Prête!

    Et toi, petit bonhomme dit-elle en se caressant le ventre...Tu es prêt aussi?....

    Minou est rentré, la soirée s'est passée avec douceur, Nini accrochée à son bras.

    Elle est brusquement réveillée par son propre gémissement . Elle jette un oeil au réveil: 6 heures! Ce n'est pas une heure pour se lever!  Elle se sent bizarre: son ventre semble porter la trace d'une douleur spéciale comme s'il se contractait sous l'impulsion de...

    -Minou, Minouuuuuuuu! Il arrive!

    -Mummmm!

    Elle le secoue de son bras droit, elle n'ose pas trop se mobiliser, pas trop bouger! Elle s'essaie à des gestes maitrisés. 

    -Bon, Minou, j'accouche!

    L'information passe ses oreilles, remonte lestement dans le cerveau et atteint la compréhension sous le mode " électrochoc".

    Il se retrouve catapulté hors du lit, les yeux hagards, se portant sur le ventre puis sur le visage de Nini...puis sur son ventre et encore sur son visage..

    -Bon! Tu es prêt? parce que moi, il faut, en premier lieu, que je mange! Eh oui, ça pourrait durer plus de huit heures et tu me connais, je ne pourrais  survivre à un jeun pareil! Dès que j'aurai mis les pieds dans la clinique, ils sont bien capables de m'affamer. Bon, remarque, il vaut mieux être à jeun si tu as besoin d'une anesthésie! Ensuite, il faut que je me lave, je dois être nickel! Tu penses, une infirmière qui accouche doit être encore plus propre que propre! Ha et mon parfum, il faut que je le mette dans le sac pour LUI...Et..

    -Et bla, bla, bla..Minou regarde Nini et ne comprend rien à ce qu'elle dit!

    Elle parle, parle encore et sort tranquillement de la pièce..

    Il reste seul avec ce bruit infernal qui couvre tout le reste: un boum, boum tonitruant. Se lever, s'habiller...faire des choses simples...Ses yeux tombent sur le sac. Prendre les sacs. Ses mains sont moites...

    -Tu viens déjeuner avec moi? crie t'elle d'en bas!

    Il s'exécute docilement. C'est presque rassurant. Car il a l'esprit dans du coton, ...c'est comme dans les films, il se retrouve aussi bête et apeuré que tous les guignols caricaturés dans les comédies.

    Il l'a rejoint dans la cuisine, elle est attablée devant son café ses tartines beurrées et sa confiture de fruits rouges: son sacro-saint petit déjeuner!

    Bla, bla, bla....Mon Dieu, Il sera bientôt là, il va falloir que je l'assiste pendant l'accouchement! Moi qui ne supporte pas toutes ces odeurs d'hôpital...et tout ce sang qu'il va y avoir...et pourvu qu'Il soit normal...et qu'il n'y ait pas de problèmes pour Nini.

    Il la regardait, son petit soldat, bien brave, prête à affronter des heures...douloureuses.

    Elle garde sa tartine levée, et semble réfléchir, soudain silencieuse. Une contraction arrive doucement, tend son ventre, l'immobilise quelques secondes, puis repart tranquillement. Bon, si ce n'est que ça! Pff! Je vais gérer comme une chef! Elle sourit au Minou et enfournejoyeusement la tartine qui l'attendait dans sa main.





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  • Ce jour-là, je m'en souviens comme d'un cauchemar...

    Ce jour succédait au 11 septembre 2001, dans ma petite vie tranquille, à Saint -Affrique, le 12 septembre...

    Ce jour là, c'était un mercredi...le jour des enfants s'est transformé en coup de poing, en pleine figure.

    C'est le jour où on réalise que la vie peut basculer d'une minute à l'autre.

    Mercredi midi. Stephan et Justine n'ont pas cours, ils sont en primaire.

    Je ne travaille pas, je suis infirmière scolaire.

    Le téléphone sonne alors que je finis de mettre la table. Il fait beau. Il est 12h06. Le repas est prêt. Je décroche.

    "Maman?"

    "Romain? ...Qu'est-ce qu'il se passe? "Ma voix dérape et je sens une peur cavaler en moi.

    "Ça va, il faut que tu viennes tout de suite, je suis juste au carrefour avant la maison.."

    "J'arrive".

    Je frissonne. Je raccroche. J'ai la respiration courte.

    Je saisis les clès, et j'envoie à la cantonade, un "je reviens, je vais acheter du pain chez Fournier" qui se veut rassurant, mais je vois le regard de Justine qui s'interroge. On semble reliées par un fil invisible, mais réel.

    "Je viens avec toi"

    "Non, je suis pressée, garde le chien, s'il te plait!"

    Je sais qu'elle cèdera sur cette invocation, celle de s'occuper de notre "peluche"!

    Je fonce, je sors du lotissement et j'arrive immédiatement vers le carrefour...des voitures sont arrêtées dans tous les sens, rendant la circulation impossible, des gens debout...et au milieu, une voiture avec, dans son pare-brise, une moto plantée...la moto de Romain...

    Je suis clouée sur le siège.  Romain..je viens bien de l'entendre! Je me mets à suffoquer, mes mains tremblent, je sors de la voiture, la laissant plantée au beau milieu. Je marche, mais j'ai les jambes qui me portent mal. Je fixe cet impact ahurissant. Je suffoque.

    Je me mets à courir. Je cherche Romain. Comment peux t'on survivre à un accident pareil.Je cherche mon fils. Au milieu d'un attroupement, je le découvre à terre, allongé sur le béton...lieu indigne et rude pour ma merveille..Et là, je deviens deux, celle qui tombe à genoux et hurle  et celle qui va faire "la maman"...

    "Maman"

    "Oh, mon dieu, oh, mon dieu, mon Romain!"

    Tout le monde m'explique, il parle doucement, je scrute toutes les parcelles de son corps à la recherche d'une blessure, d'un saignement. Je prends sa main, tâte son pouls, vérifie son regard, passe ma main sur son visage, son crâne.Je palpe ses jambes. Il lui manque une basket. Sa cheville...et je pleure pendant tout ce temps. Et je demande si les secours ont été appelé. Je lui interdis de bouger. Je manque d'air.

    Un monsieur me dit que Romain n'a pas voulu lui donner notre numéro de téléphone car il lui a dit: "vous ne connaissez pas ma mère, elle va faire une attaque si vous lui dites que j'ai eu un accident" . Il a exigé qu'on lui donne un téléphone. Mais comment a t'il pu "s'occuper" de moi après avoir subi un tel choc.

    Un jeune garçon lui a refusé la priorité, le percutant presque de plein fouet, il a été projeté à 10 mètres de l'impact sur le trottoir où il s'est écrasé comme un pantin , sans vie. Une personne présente, m'a avoué qu'il entendait résonner ce bruit de chute dans sa tête. Une poupée molle qui s'écrase...puis, le silence... Il a  été  choqué pendant quelques semaines!

    Pompier. Gendarmerie. Pas de test d'alcoolémie pour le conducteur...c'était le lendemain du 11 septembre, les gendarmes avaient "d'autres chats à fouetter"...mais pour moi, c'était mon 11 Septembre. Même si c'était un lendemain....J'ai perdu 3 kilos en une journée. J'ai été mangée, rongée par cet aperçu terrifiant d'une vie soudain sans lui, sans moi, avec lui...un appel et la vie s'arrête...non, elle devient l'Enfer. La terre continue de tourner....

    Romain a été fortement secoué,.." quand, j'ai vu cette voiture foncer sur moi, j'ai hurlé quel con, et puis je me suis rendu compte que ce serait mon dernier mot...le dernier mot de ma vie sur terre..." Et il a vu des flash de 16ans de vie, des photos...il ne m'a pas dit lesquelles...ainsi, on voit bien sa vie défiler! Il n'a plus dit de grossièretés pendant longtemps, il avait pris une distance avec les événements...

    A l'hôpital, il me faisait répéter tout plusieurs fois. Je m’inquiétais pour sa scolarité, il rentrait en première S.

    Quand il voyait mes larmes , il me disait, calmement: c'est rien maman, regarde ce qui se passe à New York.

    Fracture du calcanéum, commotion cérébrale, cage thoracique meurtrie...pendant 2 mois, il n'a pu éternuer sans souffrance, pour ce qui est de rire...

    Il a du réapprendre à marcher pendant presque 3 mois, avec 2 béquilles, puis une ...il était tout de guingois, déséquilibré. Je l'amenai tous les 2 jours chez le kiné. Je lui avais appris à marcher à un an et là, j'avais l'impression de recommencer.

    Un jour, alors que j'attendais Romain d'une séance de kiné, je laissais mon regard errer sur la terrasse d'un café. Le garçon responsable de l'accident était en train de boire un café et parler en souriant à une jeune fille. J'ai eu une curieuse sensation, en constatant que, pendant ce temps, mon fils, lui, était occupé à sa rééducation motrice...je lui en ai voulu terriblement! Je trouvais la situation injuste.

    Il a été coupé de toutes les activités et de ses amis pendant près d'un trimestre. Il avait 16 ans .

    Le vendredi 21 septembre 2001, Olivier, mon mari, me propose d'amener Romain au lycée, puisqu'il devait se rendre pour la journée sur Toulouse....

    Une belle journée, l'été indien...Après le 11 Septembre, on avait pris l'habitude exagérée , d'être en relation constante avec l'information...On était en alerte, un plan vigie pirate à son maximum...et une paranoïa installée.

    La Tv était allumée, comme ça, et la radio branchée sur France Inter.

    10h 20. Une annonce...une explosion, un attentat....sur Toulouse!

    Dans ma tête, c'est une cavalcade...la reconstruction après le choc, les chocs, cette reconstruction du quotidien, est si fragile que ses fondations risquent de ne pas supporter un nouveau drame. Je respire...et le temps égrenne doucement les secondes dans l'attente d'information...

    Olivier est au 3° étage, dans une salle de réunion spacieuse, moderne, avec de belles baies vitrées. Belle vue. Réunion de travail intense, il a l'esprit tout occupé quand le sol se met à vibrer, sourdement. Chacun suspend son activité, un silence...trop silencieux, puis une déflagration explose les vitres en une onde destructrice.

    Dans l'esprit de chacun, une seule pensée: un attentat...mais pourquoi Toulouse et pas Paris...Réunion d'hommes, réactions froides, l'instinct de survie...chacun empoigne ses affaires, et se précipite dans le couloir...les sirènes d'alarme se sont enclenchées rendant impossible toutes conversation. Certains se précipitent vers les ascenseurs, mais d'autres  empêchent le passage...bon sang, vous ne voulez pas être coincés dans l'ascenseur!

    Les escaliers de service résonnent des pas précipités...le fracas scande la panique générale. Les oreilles d'Olivier bourdonnent de cette explosion qui semble se répéter dans sa tête, ne lui laissant aucun répit...

    Tous s'éloignent le plus possible de ses petits immeubles d'affaire soufflés et dépouillés de leur vitres...Ils se sentent tous en danger.

    Une ambiance de guerre s'installe dans la ville...il semble que ce doit être comme ça quand il y a la guerre! Des sirènes sifflent de toutes parts,  les sirènes des alarmes se mêlant aux sirènes des voitures de pompiers , de gendarmerie, de police municipale...des gens crient, et les mots se perdent dans ce brouhaha. Un nuage noir s'échappent à 2 km de là...et olivier entend " c'est l'usine AZF?"..."ils ont fait sauté l'usine?"...

    Olivier compose vite le numéro de téléphone de la maison...l'appel ne peut aboutir...les lignes sont saturées. Et là, il se met à avoir peur...Véro, les enfants...il faut que je sorte de là!

    Tous les regards sont tournés vers le ciel...un nuage de poussière jaune s'étend sur la ville...La panique semble gagner tout le monde.

    "Un nuage toxique..." la radio égrène les conseils:"protégez-vous la bouche d'un tissu humide, évitez de sortir, calfeutrez-vous, ne téléphonez pas, les lignes doivent disponibles pour les appels d'urgence et les secours..."

    Dans sa voiture, Olivier essaie malgré tout de joindre son domicile...La route est surchargée, il roule au pas quand il n'est pas stoppé...

    400 tonnes de nitrate d'ammonium, en stockage, destinés aux engrais,  ont explosé creusant un cratère de 70 mètres de long, 40 de large et 6 mètres de profondeur... l'explosion a été entendu à 80 km de l'impact. 31 morts et 2500 blessés...officiellement!

    Le temps prend une autre dimension, les minutes, les heures ...des ondes élastiques, des vibrations qui envoie l'esprit dans un ailleurs cotonneux..jusqu'à ce que la réalité vous reçoive à nouveau, dure et implacable...

    13 heures..le téléphone sonne.

    "...je vais bien, je...." plus rien. Mais il va bien!

    Merci, vous là-haut. Merci!

    Maintenant prévenir et rassurer. J'ai appelé le lycée pour que Romain soit informé. Je voulais lui éviter tout inquiétude supplémentaire.Et puis....attendre, attendre son retour. Sera t'il blessé?

    Il est arrivé vers 17 heures avec un visage que je ne lui connaissais pas. Gris, il était gris et son regard était..sans reflets. Impressionnée, j'ai ressenti tout ce qu'il avait vu, et entendu.  Nous n'avons pas parlé. Il s'est déshabillé et s'est mis au lit, j'ai fermé les volets. Et je l'ai laissé seul, dans le noir et le silence...assourdissant.

    Il a dormi jusqu'au lendemain. Et n'en a plus beaucoup parlé.

    Il s'est concentré sur Romain...nous avions chacun notre tâche. Lui a voulu le remettre sur une moto et l'a amené dès qu'il fut en état, en promenade derrière lui, sur sa grosse moto...il l'a mis au vélo, avec notre tandem, lui permettant une reprise douce de sport.

    Il y a eu un procès.

    Romain est remonté sur sa moto et s'est adonné au cross avec son père.

    Mais j'ai en moi, ces journées de l'après 11 Septembre....

     

     

     

    J'ai fini cet article pour Nadine... qui attendait la fin de l'histoire.

    Sans vos commentaires ou vos remarques, je me demande quelques fois si ça vaut le coup de continuer à écrire....

                 

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    4 commentaires
  • Elle est arrivée doucement, calmement, s'installant tant et si bien dans notre vie que nous n'avons pas compris tout de suite l'ampleur de l'annonce: elle est là, bien là et pour toujours et il faut apprendre à vivre avec....

    Pff, jamais dire jamais et encore moins toujours!

    On a commencé ensemble, sans réaliser...

    Justine à mes côtés, soudain plus sereine, me regardait m'affairer,...Elle , elle avait compris!

    Je me suis mise à foncer, j'allais vite...vite commencer le traitement, vite faire certaines déclarations, vite réclamer les examens, vite, vite....

    -ça va aller, ça va aller!

    Il faut que ça aille...il le faut...je ne peux pas, sinon...

    Pour Justine, il y a enfin un mot sur ses problèmes, une légitimité à ses soucis, une reconnaissance par un service hospitalier, un traitement qui devrait l'aider...

    Pour moi, c'est une maladie qui ne doit pas être chronique...non, ça va passer!

    C'est ...ma responsabilité...lourd à porter et tellement culpabilisant. Bien sûr, ce n'est pas gravissime, mais si handicapant à un âge où on vide sa coupe avec précipitation! ...On va trouver un moyen de la sortir de cercle.

    On vous donne un traitement costaud, on vous annonce une maladie et on vous laisse repartir sans ...sans rien si ce n'est soudain, lourdement chargées, et terriblement seules.

    Les médecins? Savez-vous que vos malades vivent après votre ordonnance? Ne faites pas l'autruche, ...pas vu , pas pris...On reste accroché à ses doigts qui ont décidé et qui vous lâchent...mais un peu de nous est avec vous et  vous? Vous vous lavez bien les mains entre chaque patient!

    Deux ans plus tard:

    Je m'adresse à ceux qui lisent ce texte et s'interrogent. J'avais bien envie de supprimer l'article. J'étais évasive pour ne pas trop m'étaler. Ma fille a été diagnostiquée sur une certaine maladie . Une maladie très handicapante pour une jeune personne qui commence sa vie...bien que toute maladie soit un handicap à la vie! Mais les conséquences étaient si ...énormes et bien sûr imprévues, que je n'étais pas loin de m'effondrer. Et puis, les signes ont atteints un paroxysme tel, que je me suis tournée vers mon cousin qui fait de la systémie familiale. J'ai envoyé ma Fille passer une semaine chez mes cousins . Aussi surprenant que cela paraisse, il lui a fait rechercher tout son arbre généalogique, avec la date de naissance et de mort pour nos disparus. Elle a fait appel à ses grand mères, ses tantes. Elle détient beaucoup d'informations à présent. Certaines histoires inconnues de nous jusqu'à ses recherches! Elle est revenue...différente.

    Il y a eu un avant, et un après. Avant, elle était la Belle au bois Dormant, après, elle est devenue Celle qui se prend en main.

    Je ne peux en dire d'avantage, mais je pourrais vous donner les coordonnées de mon cousin, ou faire un article sur son métier!

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